Quand on évoque la peau, la tentation est vite arrivée de la considérer comme une enveloppe superficielle et de ne se focaliser que sur son apparence. Plus lisse, glowy, 100% uniforme… On enchaîne les soins et les traitements pour qu’elle soit la plus immaculée possible. Bref, on oublie facilement que c’est un organe à part entière – le plus grand de notre corps – qui assure la fonction primordiale de nous protéger des agressions extérieures. Notre peau est un écosystème fragile qui mérite tout notre amour et notre attention. J’ai mis du temps à le comprendre et j’ai souhaité partager cette réconciliation avec vous en écrivant cette lettre d’amour à ma peau.
Ma chère peau, pendant plus de quinze ans, j’ai détourné les yeux quand mes amis s’adressaient à moi, de peur qu’ils voient à quel point tu étais imparfaite. Tu m’as, par plusieurs fois, contrainte d’annuler des soirées, des dîners, car tes crises devenaient ingérables. Tu m’as fait douter de ma beauté, et j’ai fini par éviter les miroirs croisés au fil des années. En développant des boutons kystiques sur mes joues et autour de ma bouche, j’ai parfois renoncé à une vie sociale équilibrée. Bref… Tu m’en as fait baver. Mais voilà, tu es ma peau et nous sommes condamnées à cohabiter. Alors quitte à devoir te supporter, autant faire la paix, ne crois-tu pas ? Pour que tu comprennes mieux pourquoi je t’en ai tant voulu, et que l’on puisse réellement s’apaiser, je t’explique la genèse de nos conflits et surtout pourquoi, malgré tout, j’ai décidé de t’aimer.
À l’adolescence, la puberté nous a frappé de plein fouet et franchement, elle ne nous a pas épargné, il faut bien l’avouer ! Mais plus les années s’écoulaient, plus toi et moi avons compris que cette crise avait pris ses aises et était là pour durer. Croyant aux pouvoirs de la science, j’ai consulté un nombre incalculable de dermatologues. Tous m’ont tour à tour préconisé une cure d’antibiotique, qui n’a pas fonctionné, des produits pharmaceutiques aux ingrédients discutables et, enfin, un traitement Roaccutane afin de calmer tes maux. Thank you, next ! J’ai refusé aussi sec. Et même si, là encore, tu n’as pas dit un mot, au fond tu as compris que je hissais le drapeau blanc. Du moins pour un temps.
Malgré ce regain de conscience, il fallait tout de même que je trouve une solution pour te calmer. À la guerre comme à la guerre, j’ai tout essayé sans me rendre compte que je ne faisais qu’empirer la situation. J’ai tenté de t’assécher avec des produits astringents et agressifs, je t’ai mis au soleil pendant des heures, j’ai enchainé les peelings, j’ai percé tes boutons pour en venir plus vite à bout… Bref, je t’ai, moi aussi, malmené pour de courts moments d’accalmie salvateurs, suivis de crises renforcées, qui ont laissées des cicatrices. J’ai vraiment cru que j’avais tiré le mauvais numéro au grand loto cutané.
Et puis, je suis devenue journaliste beauté et j’ai dû, moi-aussi, me remettre en question. Au fil des évènements auxquels j’assistais, je me suis rapidement rendue compte que tu n’étais pas aussi clean, aussi glowy et aussi lisse que la peau de mes consoeurs journalistes. Pourquoi ? Était-ce mon rythme de vie ? Mon alimentation ? Mes hormones ? C’était la première fois que je me posais ces questions là. Si seulement tu avais pu parler, que m’aurais-tu dit ?
À chaque présentation presse, à chaque ligne posée sur un article, à chaque découverte cosmétique, j’en apprenais un peu plus sur toi. Sur ton fonctionnement, sur ce que tu aimes, ce que tu détestes, ce qui te fait du mal et du bien. Et là, ça m’a frappé. Ce n’était pas toi le problème toutes ces années, c’était moi. Moi et mes nuits de sommeil de 5 heures, moi et mon éternelle difficulté à gérer mes angoisses, moi et mes menus Big Mac à répétition, moi et ma routine beauté calibrée pour te détruire. Uniquement moi.
Ce gain de connaissance et cette prise de conscience m’ont permis d’appréhender tes besoin avec plus d’exactitude, de comprendre qu’il faut aller dans ton sens pour que tu ailles dans le mien, qu’il faut te chouchouter et respecter ton fragile équilibre pour que tu me le rendes bien. Et puis tu t’es apaisée, tu t’es montrée plus clémente et en échange, je t’ai simplement respecté et assumé. Je ne t’ai plus laissé étouffer la nuit sous une couche de maquillage. Je ne t’ai plus agressé avec des gommages en grain. Je n’ai plus essayé de cacher tes cicatrices sous une épaisse couche de fond de teint. Je t’ai accepté, parce que tu es moi et que je suis toi. Bien sûr, ça a pris du temps. Il n’y a pas de miracles. Mais plus je te dévoilais, plus tu resplendissais. Comme une fleur baignée de soleil.
Alors même si tu n’es pas celle que j’attendais, je préfère désormais glorifier ta singularité. Tes marques, tes cicatrices sont entourées d’histoires qui ont ponctué ma courte vie. Et puis finalement, autant apprécier ce qui est là. L’existence est si courte ! Merci de m’avoir appris à nous aimer et à prendre soin de nous.
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Prenez soin de vous et de vos proches !