Tribune aux médecins homéopathes français

Le 18 mars dernier, 124 médecins faisaient l’amalgame entre le charlatanisme, les médecines alternatives et l’homéopathie. Depuis maintenant 7 mois, nous assistons à une avalanche de propos agressifs et de contre-vérités dans les médias et sur les réseaux sociaux, avec une finalité : le déremboursement des médicaments homéopathiques. Mais il ne s’agit là de l’action que d’une très petite minorité qui parle fort. Avant d’aborder le fond de l’affaire, on ne peut être que choqué par le ton et la virulence des signataires de la tribune. La démarche est particulièrement regrettable puisqu’elle va à l’encontre des 30 millions de Français et des 20 000 médecins généralistes qui utilisent ou prescrivent des traitements homéopathiques, ces derniers étant qualifiés en creux de crédules ou de charlatans. C’est pourquoi nous avons décidé de déposer plainte auprès du Conseil de l’ordre pour non-respect du code de déontologie qui s’impose à tout médecin, et nous continuerons à chaque fois que la réputation de nos confrères médecins homéopathes sera questionnée de façon aussi brutale et peu respectueuse. Sur le cœur du débat, nous souhaitons réagir sur deux points très précis mis systématiquement en avant par les détracteurs de l’homéopathie : l’aspect économique et l’aspect thérapeutique de l’homéopathie. Ecartons d’emblée les sujets d’argent. Oui certains médicaments homéopathiques sont remboursables par l’Assurance maladie à hauteur de 30 %. Mais leur remboursement a représenté seulement 0,29% des remboursements de médicaments en 2016. Ce coût est minime et démontre à lui seul que l’argument financier de ceux qui s’attaquent aveuglément à l’homéopathie ne tient pas. Ceux qui espèrent que le déremboursement permettra de faire des économies et de « rationaliser » les dépenses  poussent au contraire vers des effets inverses, vus les reports de prescriptions inévitables vers des traitements plus chers… et plus risqués. Ensuite pour revenir à ce qui a été écrit : non, l’homéopathie n’est pas dénuée de tout fondement scientifique. L’homéopathie est un champ de recherche à part entière, dans lequel sont effectués des travaux rigoureux, qui répondent aux plus hauts standards. Ce sont ces travaux, notamment en recherche fondamentale, qui ont permis de démontrer à plusieurs reprises que des hautes dilutions ont bien une activité propre. Sans oublier l‘essentiel : les preuves de l’intérêt de l’homéopathie dans la pratique médicale. Le programme de recherche EPI3, supervisé par un comité scientifique strictement indépendant et réalisé auprès de 825 médecins et 8559 patients sur un an, a fait l’objet de 12 publications dans des revues scientifiques de références entre 2011 et 2016. Celui-ci montre que les médecins généralistes formés en homéopathie traitent leurs patients, à niveau de sévérité égal, avec un bénéfice clinique comparable, tout en ayant recours grâce aux médicaments homéopathiques à moins de médicaments iatrogènes. Les patients ainsi pris en charge sont moins exposés aux effets secondaires, aux mésusages, ou encore à la dépendance médicamenteuse, ce qui présente un réel intérêt de santé publique en plus de permettre de réaliser, là encore, des économies pour la collectivité. Nous tenons à préciser une chose : nous ne disons pas qu’un traitement homéopathique est toujours préférable à un traitement conventionnel. Nous prescrivons les traitements homéopathiques avec discernement, en fonction du diagnostic médical. Nous prescrivons un médicament homéopathique que lorsqu’il est médicalement justifié, et nous avons recours chaque fois que nécessaire aux médicaments conventionnels. Etant établi que les médicaments homéopathiques sont utiles et sans risque, nous souhaitons qu’ils restent remboursables afin de garantir une égalité d’accès aux traitements des millions de patients qui en sont satisfaits et souhaitent y recourir. Partant du constat, certes valide, qu’il existe une « défiance grandissante du public vis-à-vis de la médecine », les signataires de la tribune membres du collectif « Fake Medecine » commettent deux erreurs majeures creusant encore un peu plus le fossé entre la population et le corps médical. La première est de prendre de haut les patients en leur expliquant qu’ils agissent de manière irrationnelle lorsqu’ils se soignent avec des médicaments homéopathiques. Ces propos sont à la fois blessants et erronés. L’action des médicaments homéopathiques est bien réelle et la liberté d’y recourir fondamentale. La deuxième erreur est de s’ériger en gardiens d’une « vraie médecine » reposant sur une « vraie science » face aux prétendus disciples de pratiques ésotériques. N’en déplaisent aux 124 signataires, en dépit de la référence constante au paradigme de l’« evidence-based medicine » la médecine n’est toujours pas une science « dure », parfaite et encore moins un champ de connaissances monolithiques. Qui peut s’arroger le droit d’exclure a priori une approche thérapeutique quelle qu’elle soit, sans considération de l’avis de nombre de professionnels de santé et surtout des premiers intéressés, les patients ? Dans le respect du serment d’Hippocrate et de la Loi, laissons les praticiens et les patients décider de la thérapeutique la plus adaptée aux situations rencontrées. La médecine est une, les thérapeutiques sont plurielles. Le Syndicat National des Médecins Homéopathes Français