Qu’est ce que le Katonah Yoga ?
Si le Katonah est la nouvelle pratique à la mode, il était encore peu connu il y a quelques années de ce côté de l’Atlantique. Mis au point par Nevine Michaan, il y a 40 ans aux Etats-Unis, dans une ville qui porte ce nom dans l’état de New York, il compte désormais de plus en plus de professeurs, tous détenteurs d’un “teacher training” validé par la fondatrice.
Une de ses élèves et prof de ce yoga, Dages Juvelier Keates, était à Paris cette semaine pour donner un cours à quelques privilégiées afin de célébrer l’arrivée de ce yoga si spécial au planning du Tigre Yoga Club. Elodie Garamond, la fondatrice de ces studios parisiens, nous confie que la découverte de cette pratique fut comme « une révélation ». Nous sommes allées suivre un cours avec Dages Juvelier Keates, et en avons profité pour lui poser quelques questions.
Qui êtes-vous Dages Juvelier Keates ?
Je suis une new-yorkaise fraîchement débarquée en Europe. Je suis arrivée à Paris l’année dernière et je viens de déménager à Stockholm cet été. J’enseigne le yoga depuis 20 ans.
Je me définis en tant que chercheuse d’incarnation (NDLR : “researcher of embodiment” en anglais), je suis une chercheuse de subjectivité. J’ai centré mon attention vers la phénoménologie de l’existence somatique, en tant que danseuse d’abord puis en tant que yogi et professeure de yoga.
Comment avez-vous été amenée au Katonah Yoga ?
J’étais un peu hésitante au départ… J’enseignais le yoga depuis 10 ans, puis je me suis intéressée au Kundalini. J’ai beaucoup aimé la rigueur et la transe qui sont liées à cette pratique. De là, je me suis mise à faire de l’Anusara Yoga (NDLR : yoga méditatif inventé par John Friend enseigné majoritairement aux Etats-Unis) puis je me suis dirigée vers l’Iyengar. On m’a encouragée à rencontrer Nevine Michaan, la fondatrice du Katonah, en me disant qu’elle correspondrait à toutes mes attentes et envies pour ma pratique du yoga. Et ce fut vraiment le cas !
Sauriez-vous nous définir ce qu’est le Katonah yoga ?
Le Katonah yoga, comme je vous le disais, a été mis au point par Nevine Michaan, une incroyable penseuse syncrétique. Elle rassemble divers modes de philosophie avec des principes d’incarnation, ce qui signifie que concrètement que c’est une pratique de yoga classique pendant laquelle nous utilisons des postures de yoga que tout le monde connaît, les asanas. Nous y ajoutons des principes du Taoïsme, comme par exemple, l’origine de certaines orientations des organes, le travail des articulations et des os plutôt que des muscles. Elle est aussi très sensible au langage, il y a donc une vraie culture de la métaphore, de la mythologie, de la narration qui est infusée dans ce système. L’idée qui est largement diffusée dans ses cours est de mener une bonne vie plutôt que d’être dans une dynamique de performance.
Quelles leçons en particulier Nevine Michaan vous a-t-elle enseignées ? Que vous a-t-elle transmis que vous transmettez peut-être vous-même à votre tour ?
Il y en a tellement ! La première chose qui me vient à l’esprit est un enseignement de Nevine à propos du fait que tous les yogis doivent apprendre à gérer le fait qu’ils affrontent la nature, dotés d’un corps qui est éphémère et mortel. C’est la quintessence de la vie. Le but d’une pratique de yoga n’est pas d’essayer de maintenir ce corps, le but est d’être aux commandes le plus possible de ce véhicule, de cette enveloppe corporelle sur laquelle le temps passe, d’être maître de ce qui se passe.
La pratique du yoga est vraiment destinée à nous rendre capables de rebondir et nous réorienter de façon permanente, lorsqu’on perd, qu’on tombe, qu’on est malade…
C’est l’équilibre entre le fait d’accepter certaines conditions et l’activation de techniques pour se réorienter.
Quelle est votre touche personnelle dans cet enseignement ?
Je pense que j’y ai apporté une perspective féministe assez importante. Surtout, j’essaie d’apporter de l’enthousiasme dans chaque mouvement.
Pouvez-vous me parler de vos “recettes du bonheur” (NDLR : “recipes for joy” en anglais) ?
Les recettes sont des techniques. Lorsque je cuisine, j’utilise toujours les mêmes gestes, par exemple, je coupe toujours les oignons de la même façon, j’utilise du cumin… Chaque chose que je cuisine sans recette véritable a le même goût, le mien. Si je veux lui donner une saveur différente, je dois utiliser le livre de recettes de quelqu’un d’autre, sinon je risque d’utiliser les mêmes automatismes. Pour moi, les pratiques de yoga sont comme des recettes. C’est quelque chose en plus que je ne fais pas par défaut. Mes techniques par défaut, ce que je fais par automatisme, ne sont pas mauvaises, mais elles sont limitées, et je me rends compte qu’il y a une multitude de façons de faire qui vont me donner des résultats différents. Mon concept de “Recettes du bonheur” utilise cette théorie de régulation de la chaleur, ouverture et fermeture du four, savoir où aller pour trouver des ingrédients différents… Et cette métaphore se vérifie très bien par exemple lorsque que pour la première fois, on retourne ses poignets…
Pensez-vous que chacun devrait alors faire du Katonah yoga ? Ou au moins du yoga ?
Je ne sais pas ce que chacun devrait faire… Je pense que ceux qui en ont besoin se doivent de le faire. Si c’est ce que vous aimez faire, faites-le ! Mais certains vont trouver que leur yoga c’est la cuisine, faire l’amour, aller nager, faire du vélo… À chaque fois que vous intégrez votre respiration, imagination et vos mouvements, vous faites du yoga en quelque sorte. Est-ce que tout le monde a besoin d’aller dans un studio de yoga pour ça ? Je ne crois pas. Imaginez qu’aller dans un studio de yoga fasse partie de notre routine à tous… Alors nous serions tous identiques, quel intérêt ?
Inscrivez-vous à un cours de Katonah Yoga au Tigre Yoga Club
https://tigre-yoga.com