Sa vaisselle transforme n’importe quel repas en moment unique, authentique, précieux. Rencontre avec Marion Graux.
Holissence : Qui êtes-vous, Marion Graux ?
Marion Graux : Je suis une grande fille de 36 ans, j’ai un mari et une fille. Je suis aussi potière. Effectivement, je fabrique de la vaisselle et des objets d’usage pour la maison.
Holissence : Comment en êtes-vous venue à la céramique ? (Auparavant, Marion Graux a été styliste, pour Elle et Merci, ndlr)
Marion Graux : J’avais envie de fabriquer de la vaisselle. C’est un objet important car cela revient trois fois par jour, quatre pour les plus gourmands. Et les repas sont des moments importants, de pause dans le travail, de convivialité… des moments qui méritent que l’on en prenne soin. Choisir la vaisselle fait partie du plaisir de manger, on ne raconte pas la même histoire quand on pose sur une assiette un gâteau au chocolat coulant ou une salade fleurie. En choisissant une assiette fabriquée à la main, on a déjà un début d’une histoire.
Holissence : Qu’est ce que cela change dans votre vie ?
Marion Graux : J’ai moins d’argent ! Je plaisante mais c’est la première réponse qui m’est venue à l’esprit. Cela change beaucoup de choses évidemment. Quand on empoigne ce métier, c’est une vie, un tout, un bain dans lequel je suis plongée pour toujours. C’est d’ailleurs rassurant d’avoir à ce point trouvé mon moyen d’expression. Parce que je suis venue à la céramique par envie de fabriquer de la vaisselle, mais quand j’ai rencontré la matière, ça a été un grand soulagement. Moi qui avait toujours été complexée par mon coup de crayon, je trouvais enfin un moyen d’exprimer ma créativité. L’argile m’a réconciliée avec tout le reste.
Holissence : A quoi pensez-vous quand vous travaillez la matière ?
Marion Graux : Ça dépend des jours bien sûr. Souvent, j’essaie de ne penser à rien, de faire le vide pour être au plus près de moi-même. Ce n’est pas sophistiqué, il s’agit juste d’être concentrée sur une assiette, dans une énergie franche, spontanée, rapide. Et avec des gestes gracieux : si les gestes ne sont pas beaux, la pièce ne l’est pas non plus. D’autres fois, surtout quand je dois réaliser une série, j’allume la radio, j’adore France Culture, et je suis ultra-concentrée. C’est presque un état chamanique !
Holissence : Est-ce que cela a à voir avec votre pratique du yoga ?
Marion Graux : Il y a un parallèle évident. Je pratique le yoga depuis un an, c’est une grande découverte. Moi qui ne croyais qu’aux sports d’endurance, aux shoots d’endorphines, j’ai ressenti des trucs et j’ai été fascinée par le travail intérieur qui devenait possible, en étant si peu en mouvement, simplement alignée. Depuis peu, je pratique le Kundalini yoga, très centré sur le ventre et je vois encore plus de points communs avec la poterie : le ventre, c’est le bol, la matrice… Et puis, le yoga comme la céramique sont des manières de s’exprimer en silence. Pour une grande bavarde comme moi, c’est fascinant : on dit mieux si on se tait.
Holissence : Qu’est-ce qui fait l’identité de vos pièces ?
Marion Graux : Je ne sais pas, je ne le cherche pas. Ce n’est pas quelque chose qui se réfléchit. C’est un peu comme l’écriture, d’un point de vue graphologique. On peut essayer de la modifier, mais les gens qui vous connaissent la reconnaissent quand même. Bien sûr, l’argile n’est pas toujours de bonne humeur, elle peut être moins malléable ou faire des bulles selon les jours. Quand on tourne, c’est un échange, il faut guider la matière tout en la laissant s’exprimer. J’aime cela : mes poteries sont le reflet de notre histoire commune, de notre conversation.
Pour suivre Marion : www.mariongraux.com et sur Instagram
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