Emma Sawko : “Wild & The Moon a rendu le bio cool”

Businesswoman dans l’âme, Emma Sawko (à prononcer Saf-ko) est tombée dans la marmite du bio étant petite, et en a fait depuis son credo. Avec Comptoir 102 d’abord, qu’elle a ouvert à Dubaï en 2012, puis avec Wild & The Moon, l‘enseigne healthy, devenue le repère de tous les Parisiens en quête du « bien manger ». Après une 10e ouverture rue Amelot, cette ancienne publicitaire s’apprête à ouvrir une nouvelle adresse place Saint Honoré. Rencontre avec une amoureuse de la nature qui n’a pas peur de viser la lune.

Qui es-tu Emma Sawko ?

Je suis Emma Sawko, la co-fondatrice de Wild & The Moon, un concept d’alimentation végétalien, bio, sans gluten, sans additifs, et complètement naturel que j’ai fondé il y a maintenant 2 ans et demi après avoir vécu quelques années à New York. Après New York j’ai fait un petit détour avant de rentrer à Paris par Dubaï où j’ai également monté un concept-store qui s’appelle Comptoir 102, un concept de mode, de déco, de design, de bijoux, et le premier resto bio de la région.

New York, Dubaï, Paris, quel est ton lien avec ces 3 villes ?

New York, c’est ma ville de naissance. Mon mari a été muté là-bas, donc je l’ai évidemment suivi avec nos 3 enfants. Là bas, je travaillais déjà sur un projet de concept store mais qui n’a pas vu le jour parce qu’on a dû malheureusement quitter New York pour Dubaï. Ca a été un gros choc. Mais je me suis dit que j’allais mettre à profit ces quelques années de vie là-bas pour me lancer dans la création d’un premier concept-store. C’est là que j’ai ouvert Comptoir 102. C’était ma première expérience entrepreneuriale. Je suis arrivée avec un concept très différent, qui était loin des centres commerciaux un peu bling-bling et luxe.

C’est grâce à ce projet que tu t’es lancée dans la restauration ?

Dans le cadre de ce premier concept store, j’ai ouvert aussi une cantine bio, ce qui était un véritable challenge, parce que du bio, dans le désert, c’est très difficile à faire pousser. Il y a peu de nutriments, peu de vitamines, il a fallu donc trouver la bonne personne qui connaissait les méthodes ancestrales. Je crois que le restaurant a été très fédérateur, il a amené ce mélange de cultures et de pays qui m’a apporté tout ce flux, cette énergie, ce mouvement que l’on a toujours chez Comptoir.

Puis tu as créé Wild & The Moon en France…

Pendant 6 ans j’ai travaillé nuit et jour et je me suis dit que j’avais quand même envie que mes enfants vivent un peu en Europe. Je cherchais donc un projet pour rentrer en France, qui commençait à me manquer. J’avais gardé un peu l’influence de New York, avec l’idée des bars à jus. Je trouvais que ça manquait ici, mais à Dubaï également. C’est de là qu’est né Wild & The Moon.

Comment définirais-tu le « healthy » à New York, à Dubaï et à Paris ?

On me pose souvent la question « quelle est la différence entre ces 3 villes », eh bien je n’en vois pas tellement, en réalité. Je pense qu’aujourd’hui, la prise de conscience est universelle. Je pense aussi que l’on n’est pas dans une mode. Les gens ont enfin pris conscience de l’importance de manger sainement, de l’importance de moins polluer. Au tout départ, je pensais ouvrir un bar à jus, et je me suis dit qu’en France, ça ne marcherait pas, on est trop gourmands. Je suis Française et l’alimentation est complètement centrale dans nos vies. Le seul moment où l’on se retrouve tous à table a toujours été essentiel, il fait partie des moments que je préserve car ce sont des moments où l’on partage beaucoup de choses.

Comment es-tu tombée dans le bio ?

Je ne suis pas tombée dedans du jour au lendemain. Je suis dedans depuis toujours. J’ai eu la chance d’avoir une maman qui était très consciente du bien manger. C’est devenu toute une façon de vivre aujourd’hui pour moi. Parce que, quand c’est bon et qu’en plus cela procure tellement d’énergie, de vitalité, pourquoi manger autre chose ? J’essaie d’être assez ouverte pour proposer simplement une alimentation qui soit saine.

Tu n’es pas vegan, ni végétarienne ?

Non, mais je ne mange quasiment pas de viande. Chacun doit trouver son équilibre propre. Ce qui est important, c’est de consommer en fonction de ce qui te fait du bien à toi et vraiment d’être consciente de ce que tu achètes.

Tu cuisines beaucoup ?

Énormément, bien qu’aujourd’hui, j’ai un peu moins de temps. Je vais faire tous les matins mon lait d’amande maison, mes enfants vont repartir avec un smoothie que je leur ai fait, je fais tous les soirs mon pain pour le lendemain. J’ai toujours chez moi de quoi faire des salades, j’ai des graines et du vert… Un peu comme ma mère, c’est terrible ! (rires)

Ton rituel du matin pour être en forme ?

Je fais du sport tous les matins, soit une heure de kick- boxing , soit une heure de yoga. Je suis dans une bataille constante avec mon business alors j’ai eu besoin d’un truc un peu plus calme, un peu plus doux qui me repose un peu le corps et l’esprit. Du coup, je fais de plus en plus de yoga. Je commence donc par 1h de sport le matin, et après je bois un smoothie avec mes enfants autour de moi, un baiser de mon mari, et c’est parti !

Tu t’es lancée dans le concept store pour ta première expérience entrepreneuriale, tu as ouvert une cantine bio à Dubaï, tu es allée chercher une productrice qui cultivait des légumes dans le désert… Tu as fait manger bio aux Français… Rien n’est impossible pour toi, non ?

Un jour, je n’ai plus eu de doute sur ce que je voulais faire. J’avais trouvé. Je croyais tellement fort en mon idée ! Certes, je suis tombée plein de fois mais je me suis relevée. Je pense que ce qui est important, c’est de croire et de s’attacher à son idée. Moi j’ai fait ça dans une ville que je ne connaissais pas, dans une ville où c’est plus compliqué pour les femmes. Ca n’a vraiment pas été simple. Mais je croyais tellement en mon projet que je ne pouvais plus m’en détourner. Je suis droite dans mes propositions, je crois que les gens le sentent, ce n’est pas du tout un truc marketing, je n’ai pas du tout l’impression de surfer sur une tendance ou sur un concept que j’aurais copié-collé. Il faut se faire confiance avant tout.

Wild & The Moon c’est bio, c’est vegan, et écolo. Quel est ton engagement ?

Chez Wild & The Moon, on recycle tout ce que l’on utilise. Quand on presse des jus, on récupère la pulpe et on en fait des crackers au lieu de la jeter. On travaille avec des produits sans engrais chimiques parce qu’on est 100% bio. Aussi, on essaye de travailler de façon locale, en limitant notre empreinte carbone et en changeant de menu tous les 3 mois. On a complètement éradiqué le plastique de chez nous, ça a été un vrai parcours du combattant. C’était long et compliqué mais c’était très important : on ne peut pas avoir un concept green et puis polluer, ça ne fonctionne pas. On vient aussi de faire un partenariat avec Action contre la faim, où pour chaque salade, chaque bowl acheté, nous reversons 1 euro à l’association. On se dit qu’il y a des millions de gens sur la planète qui meurent de faim et des millions qui sont en situation de « trop », d’obésité… Je ne veux pas mourir en me disant que je n’ai rien pu faire. Je ne sais pas exactement quel impact cela aura précisément, on ne le mesure pas, mais je veux pouvoir me dire que l’on aura essayé d’y contribuer comme on peut, en tout cas, ne pas creuser les différences.

Ta promesse aux clients ?

Notre devise, c’est « Good for you, good for the planet ». Le goût chez Wild & The Moon est très important. Je ne voulais pas que le bio soit une punition, et je crois que c’est l’un des trucs que l’on a réussi avec Wild : on a rendu le bio cool.

Penses-tu avoir démocratisé le bio ?

Démocratisé, je ne sais pas, parce que ça reste des produits chers, ça dépend de comment on l’entend. Moi mon rêve, c’est de devenir le « Starbucks » du bio. Le bio est malheureusement plus cher que le conventionnel. Les méthodes de travail en cuisine sont extrêmement onéreuses en ce qui concerne le temps passé, tout est fait maison, il n’y a rien d’industriel. Comme le lait d’amande par exemple : ce n’est pas du lait en brique, nous le fabriquons nous-mêmes. Après, cela doit faire 20 ans que je n’ai pas été malade, je n’ai pas dépensé un centime dans un médicament, et pour mes enfants non plus.

D’où vient le nom Wild and The Moon ?

Je crois que j’ai su après d’où il venait. C’est un nom poétique et c’est un nom que j’aimais bien. Wild c’est pour le côté « naturel » des produits que l’on utilise et qu’on ne trouve pas partout. La lune ça peut être pour les cycles qu’elle a sur la nature.

Est-ce que ta routine beauté est bio ?

Complètement ! J’utilise des drôles de produits dans ma salle de bains. Du dentifrice au charbon, de l’huile de coco… J’utilise des produits essentiellement naturels, je fais très attention à la façon dont je nourris mon corps.

Ton toc beauté ?

Mon parfum. C’est lui auquel je suis le plus fidèle ! C’est un parfum de Byredo, qui s’appelle Gipsy Water. Après c’est l’huile de coco, que je mets partout, je m’en tartine le visage, le corps, et je cuisine avec !

Ton cheat meal ?

Quand je vivais à New York, c’était les hot dogs dans la rue. Sinon, ça m’arrive très souvent de manger une pizza avec mes enfants. Je n’ai pas l’impression d’être dans la privation. Si j’ai envie d’un truc, je le mange. Je ferai peut-être plus de sport le lendemain si j’ai beaucoup mangé.

Ta devise d’entrepreneuse ?

« Vise la lune. Si tu la rates, tu atterriras dans les étoiles »

 

Photo : Sarah Gruson